À quelques jours des élections présidentielles, nombreux sont ceux qui se posent la question… Doit-on voter pour un candidat ou pour un programme ? L’un peut-il exister sans l’autre ? De tous ces hommes et ces femmes qui nous présentent leurs promesses, qui tiendra sa parole ? Qui est sincère ? Comment débusquer, dans les postures, l’honnêteté, le courage, la générosité ? Si les mots peuvent nous tromper, les comportements, eux, disent vrai. Alors, la congruence étant l’art d’aligner nos paroles à nos actions, quel candidat est congruent ?

La congruence

J’ai appris à reconnaître la valeur des êtres à l’alignement qu’ils savent établir entre leurs grandes idées et leurs petits actes quotidiens. Ce ne sont pas les belles valeurs qui m’inspirent le respect, mais l’art de les incarner dans sa vie, dans son entourage, dans ses relations.

Par (dé)formation professionnelle, je repère l’humanité qui perce dans les prises de parole des uns et des autres, la pétulance dans l’œil, la sincérité du regard, l’harmonie des gestes. Tout se lit chez un orateur : sa vitalité, sa générosité, sa délicatesse, son respect de l’autre et de l’environnement. Tout se lit dans son comportement. Sa créativité, son courage, son charisme, sa souplesse. Son aptitude à diriger, à déléguer, à écouter, à être sur le terrain, à privilégier l’intérêt collectif à l’intérêt individuel. Tout se lit, et avant tout, son humanité.

Un orateur qui s’applique à contrer son interlocuteur, à imposer ses vues, à prouver qu’il a raison n’inspirera jamais chez moi le sentiment d’unité du partage et de la confiance.

Les leaders, les managers et les dirigeants d’entreprise que j’accompagne lors des séminaires que j’anime me touchent lorsqu’ils font preuve d’humilité, lorsqu’ils savent s’effacer intelligemment devant tel ou tel interlocuteur pour mettre en œuvre le collectif.

Les leaders qui me remuent sont ceux qui rayonnent naturellement et sans effort. Ceux dont le sourire est authentique, ceux dont le regard est direct, ceux dont les gestes sont clairs et harmonieux, ceux dont la voix est agréable, ceux dont la respiration est profonde et paisible, ceux dont le cœur est ouvert. Car les idées généreuses naissent des hommes sereins.

Un comportement inspirant

Un comportement harmonieux et paisible montre que nous savons déjà faire la paix en nous. Car il est vain d’avoir l’ambition de rétablir l’équilibre dans un pays si déjà on n’est pas équilibré en soi. Impossible de parler de paix si notre comportement est torturé et notre visage grimaçant. Il est inutile de parler d’ouverture et tolérance si toute notre attitude n’indique que peur, mépris et condescendance.

Cette paix qui me touche lorsque je la vois incarnée, cette harmonie, cette authenticité se décrypte dans les débats, les discours, les prises de position. Les synergologues, spécialistes du comportement, savent interpréter les gestes. Nous nous en donnons à cœur joie pendant la campagne présidentielle. Les néophytes ont une intuition globale, qui est confirmée par le programme ou qui rentre en conflit avec le programme de l’orateur.

On ne communique pas ce qu’on dit, on communique ce qu’on est.

Dans les nombreux colloques, séminaires, tables rondes auxquels je participe tout au long de l’année sur différents sujets de société, comme récemment aux rencontres « Nouveaux pouvoirs, nouveaux leaders », à Nantes, je suis souvent touché de constater le soin que nous prenons tous de nous écouter malgré nos divergences d’expérience ou point de vue. Les différences de chacun alors forment la richesse du groupe. On ne débat pas contre, on construit avec.

Savoir s’écouter, apprendre de nos différences est le premier pas dans l’établissement d’un programme durable.

J’admire les leaders qui entretiennent avec leurs interlocuteurs une attitude de respect, d’humilité et d’ouverture. Ceux qui sont attentifs naturellement à leurs semblables. Ceux qui savent s’effacer quand c’est nécessaire et prendre le devant de la scène quand il le faut. Ceux qui savent publiquement reconnaître leurs erreurs. Je suis, plus que tout, touché par l’humilité. Enfin, je suis touché par les leaders qui ont une véritable vision. Qui savent réunir en étant à la fois réalistes et utopistes. Réalistes, puisque proches du terrain, utopistes pour en avoir pris le recul nécessaire.

Nous aurons le président que nous méritons. Et la déception ou l’amertume que nous pourrions ressentir dans quelques mois sera proportionnelle à notre naïveté, à notre idéalisme, ou à notre manque de discernement à reconnaître le vrai du faux, le fond de la forme, l’homme de ses belles idées. Le vrai désenchantement, c’est d’attendre qu’un futur souhaitable vienne d’ailleurs que de notre cœur.

Bienvenue à notre prochain président

C’est le défi d’une vie que de donner du corps à son verbe. C’est le défi d’une vie que de faire la paix en soi pour inspirer la paix autour de soi. Que de dépasser la peur de l’autre pour apprendre à créer, à innover. C’est une véritable épreuve que d’être exposé aux plus hautes responsabilités de l’État, que de devenir le chef des armées et de savoir, en assumant son leadership, laisser fondre son ego et ses intérêts personnels pour se mettre au service de sa fonction.

Je fais le vœu que celui qui remportera cette élection s’engage dans ce défi.
De tout son cœur, de toute son âme et de toute sa sensibilité.

Je fais le vœu que nous intégrions chacun cette phrase de Gandhi qui nous invite à incarner nous-mêmes le changement que nous voulons voir en ce monde.